"Regarde le soleil", éteins la lumière disait Axel Bauer et il avait raison...

1er contact et crise personnelle

 

Combien de romans, de nouvelles ont été écrits sur le thème du 1er Contact ? Des centaines à vrai dire. Ce thème hante les écrivains de science fiction depuis les origines du genre. Il est pour autant difficile de trouver une approche, une idée, une variation par rapport aux canons. La trame de Regarde le Soleil reprend ce thème mais l’histoire se déroule en fait après, avec les conséquences sur la vie d’un jeune homme, architecte et artiste à la fois.

 

L’humanité a reçu la visite d’extraterrestres - plutôt bienveillants - nommés les Messagers, qui ont fondé depuis quelques années des missions en vue de recruter des adeptes susceptibles de servir leurs projets. Au cours d’une soirée de recrutement, Philip Wing - qui est venu accompagner sa petite amie Daisy, sympathisante des Messagers - se voit proposer de construire, sur une autre planète, pour le compte d’une espèce appelée les Chani, le tombeau d’une déesse nommée Teaqua. Dans un premier temps, Wing n’est pas intéressé,  jusqu’à ce qu’il apprenne que sa compagne, Daisy, le trompe. Là, sa vie s’effondre, ses repères aussi et il en vient à reconsidérer cette offre. Il part donc avec les Messagers, acceptant de fait de devenir un Chani, pour bâtir ce tombeau… James Patrick Kelly choisit donc de marier ici une crise personnelle et une histoire de premier contact : Pour quel résultat ?

De l’ennui

 

A vrai dire, le roman fait très vite du surplace. Plus que du côté du style - strictement fonctionnel mais cela pourrait passer -, il faut en chercher les causes dans le traitement des conséquences de l’intrigue sur le personnage principal. Philip Wing est un monsieur-tout-le-monde de l’ère de la mondialisation et on peut aisément se reconnaître en lui. Sauf qu’il n’y a pas de dynamique en sa faveur dans le récit. Les évènements se succèdent - révélation de la liaison de Daisy, décision du départ, mutation, arrivée sur la planète Aseneshesh… - et rien ne nous touche. De plus, Wing est fondamentalement passif. Il subit les évènements, manipulé par Ndavu et Daisy, laquelle reste en contact avec lui pour l’influencer. Puis il finit par quitter la Terre pour fuir une vie qui le dégoûte.

Pris séparément, chacun de ses éléments est intéressant mais l’accumulation rend l’identification au personnage ou la mise en place d’une relation empathique difficile pour le lecteur. Quelques longueurs - 353 pages - achèvent la patience du lecteur. Il y a pourtant ici et là quelques notations intéressantes mais trop tardives, au moment où il reprend le contrôle de sa vie en acceptant de rester un Chani : devenir l’autre tout en s’accomplissant en tant qu’individu. Thèmes intéressants à traiter mais tous justes effleurés ici. Un constat s’impose d’évidence : la sauce ne prend pas.

 

Sylvain Bonnet

 

James Patrick Kelly, Regarde le soleil, de l’anglais (US) par Christophe Duchet, Gallimard, Folio SF, 353 pages, Octobre 2011, 7,80 €

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