Les amours impossibles au temps du Maréchal, "Monsieur le Commandant" de Romain Slocombe

Comment résoudre le hiatus entre ses convictions politiques et humaines si fortement ancrées dans sa vision du monde, et ses sentiments qui le poussent vers celle que tout devrait lui enjoindre de ne pas convoiter, qui concentre les interdits absolus ?
Cette longue plongée dans l'abjection quotidienne, dans les souffrances et les égarements d'autant plus effroyables qu'ils sont l'irrésistible chute d'un homme cultivé, est tenue magistralement par Romain Slocombe qui a réussi l'immersion totale dans la peau de ce vieux notable aigri mais aussi bousculé dans ses propres convictions par l'amour qu'il se découvre. Ce n'est pas une charge contre les lâches, ce n'est pas un roman sur la guerre et l'exode, qui fait le décor très réaliste de cette folie. C'est le très beau et très douloureux roman d'un homme qui perd pied avec son réel, forgé de longue date sur de solides convictions, et qui vient à se réduire à néant en souffrant l'amour interdit.
Loïc Di Stefano
Romain Slocombe, Monsieur Le Commandant, Pocket, juin 2013, 233 pages, 6,70 euros
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