Lucienne Desnoues de nouveau

Lucienne Desnoues à Montjustin
Après la toute récente publication ici même à propos de Lucienne Desnoues et relisant ce bref article, les deux dernières citations m'y ont tout à coup frappé plus fort que les autres : 

Mon ouvrage le plus absorbant est de façonner le quotidien, le temporel de toute une famille, et ma pente de poète m'a conduite à tenter d'étendre cet ouvrage au permanent et à l'intemporel.

Je suis incapable de m'attabler pour écrire un poème, de décider que je consacrerai telle heure à la poésie. Si j'essaie, je m'égare, je me dépayse en moi-même et je me trouve bientôt désespérée au milieu d'un désert.

J'ai besoin de mener de front œuvre ménagère et travail intérieur. Et j'ai besoin qu'un paysage m'encourage, m'approuve, soit mon complice et mon animal familier. 
 

​​Voilà donc un poète, me dis-je, et non des moindres, qui contre toute attente ne s'identifie pas à cette haute fonction sociale, pas plus qu'à l'exercice de ses talents eux aussi si particuliers, mais intègre tout cela le plus naturellement du monde à sa vie personnelle comme un levain subtil dans la pâte ordinaire des travaux et des jours. Dans son cas, à son quotidien de femme, de mère et d'épouse qui s'en trouve ainsi poétiquement sublimé. 

Avouons qu'aujourd'hui cela n'est pas si courant et vaut bien assez, il me semble, pour être relevé. Rares, en effet, sont les êtres, artistes ou pas, qui en toute bonne foi se considèrent encore entièrement, en leur totalité : ne sommes-nous pas davantage à "l'heure exquise" des étiquettes, des grades, et des cartes de visite de spécialistes en tous genres ? 
Un tel est physicien de renom, telle autre se revendique d'abord plasticienne (mot affreux entre tous !), un autre encore se déclare exploitant agricole, (c'est guère mieux, n'est-ce pas, mais plus juste !), professeur émérite, ajusteur, que sais-je, etc, à l'infini des fonctions, des métiers et des titres.

Tout au moins tenter de se re-connaître véritablement soi-même à divers niveaux et en nos multiples dimensions, qui d'entre nous, entre tout, y pense et s'en soucie encore par les temps qui courent ?
N'empêche, c'est en vive sentinelle spirituelle que Lucienne Desnoues nous y convie, y veille même pour nous au besoin en sa poésie intemporelle en laquelle, la lisant ou la relisant, qui l'a connue ou non la retrouve ou la découvre elle-même telle quelle toute entière.

Lucienne Desnoues. Bio-bibliographie
Les fables d'Étalon Naïf


André Lombard

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