Pierre Dainaut & Mathieu Hilfiger : Eloge de la nuit
Pierre
Dainaut et Mathieu Hilfiger nous rappellent combien depuis l’enfance nous
redoutons le noir. Petits, lorsque nos parents demandaient d’aller chercher du charbon à la
cave, nous avions besoin de tout notre courage pour y descendre. Une faible
lumière faisait danser des formes monstrueuses. La nuit en écho souvent
terrorise encore l’adulte. Sans doutes parce que nous sommes des êtres diurnes,
de vieux enfants du jour. Est-ce pour cela que nous aimons guère les animaux
nocturnes et que chauve-souris et hiboux furent sacrifiés jadis en des rituels
primitifs ? Ces sacrifices ont disparu mais rien n’a changé : l’ombre
terrorise hier comme aujourd’hui. On peut même penser que dans notre monde
moderne habitué à la lumière, nous n’aimons encore moins l’ombre que nos
ancêtres. Dainaut et Hilfiger le rappellent mais dans leur dialogue ils demandent d’accepter la nuit comme source
de « profit » existentiel. Il faut non seulement accepter la nuit mais
s’y laisser envahir pour percevoir autrement et affronter des métamorphoses. La nuit tend son voile sur
les choses pour enchanter le lieu en mettant leurs formes en sommeil, elle les
libère ou les calme. Le monde mérite et nécessite soudain une autre
attention.
Jean-Paul Gavard-Perret
Pierre Dainaut, Mathieu Hilfiger, « De jour comme de nuit », Editions Le Bateau Fantôme, Saint Ouen, 2014.
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