Jacqueline Fischer : écrire les résonances

Jacqueline Fischer fait passer par la force poétique une autobiographie à la troisième personne. Surgissent des ruissellements de lumière, des marées intérieures, des figurations mentales. Le lyrisme est intense avec ses tendresses diaphanes et ses houles suspendues.  La poétesse revisite son histoire mais désormais avec liberté. L’éros discret devient la symétrie de thanatos qui souvent l’assombrissait. Les points d’incandescence deviennent de plus en plus nombreux face à l’obscur. Dans le graphisme noueux des ans l’écriture se fait plus souple même si elle doit lutter contre bien des effacements programmés et des résistances.


Sous les nervures de son écorce le corps ose enfin vibrer dans la pulsion de l’arbre et du jour. Certes la main qui écrit ne parvient pas à tout comprendre mais elle rompt l’abrupt de silences jadis imposés.  Les mots ponctués de poivre doux sont de la viande d’âme. Elle n’a plus besoin de s’envoler dans une vague majuscule. La poétesse  poursuit son voyage sans la naïveté qu’on accorde aux temps passés ou aux mystiques. La souffrance comme le plaisir procèdent par touches magnétiques donc physiques. Le réel et l’humain cheminent l’un vers l’autre. Il faut quitter la liste des attentes pour exister pleinement.

 

Jean-Paul Gavard-Perret



Jacqueline Fischer, « Noctu-ailes », ed. Minicrobe – Eric de Jaeger, Pont à Celles (Belgique).

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