Linda Pastan : le parti pris de l’être
Sorte de I-B Singer poétique ou Sylvia Plath
d’un genre moins dérangé Linda Pastan propose en « morceaux » ( à
savoir des poèmes) une autobiographie en rien narcissique . L’intégrité reste
l’éthique et l’esthétique de la poétesse du Bronx. Quoiqu’ayant quitté
New-York, la ville reste omniprésente dans son
imaginaire comme dans son existence. Les
mots sont là pour pénétrer d’une manière le moins discursif possible au sein du
secret de la vie.
Pas d’image : le réel. Il fait la pensée ardente dans le
"balisement" des poèmes et leur
sensation. Quelque chose a lieu. La
recherche d'un centre à peine perceptible au nom même de ceux qui nous
ont quittés par la violence folle des hommes. Reste un balancement, une berceuse. Bref la poésie fait ce que la prose
ne fait pas. De l’air y passe et traverse Central Park. Même ce 11 septembre où
l’automne semblait radieux. A travers ces textes Pastan montre l’envers
des fausses évidences, scanne leur
pénombre. Dans les brèches de son écriture fractale et directe se découvrent des lieux retirés de l’être où
pour une fois la clarté domine mieux que les miasmes. On pense parfois – et
bizarrement peut-être – à Camus et sa sagesse. Pour la poétesse comme pour lui
les âmes ne perdent pas leur blondeur d’épi elles ont bien du mérite car elles
pourraient devenir grises comme des chats la nuit.
Jean-Paul Gavard-Perret
Linda Pastan, « Une Semaine en avril », choix de poèmes, traduction de Raymond Farina, coll. Ailleurs, éditions Recours au poème, 2015.
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