Le sperme noir du poulpe blanc : Guillaume Decourt

Guillaume Decourt revendique une satisfaction pulsionnelle qui met en exergue le gain d’une "dépense" particulière par la monstration de femmes diverses et hétérogènes.  A la première d’entre elle - à qui « Vous n’aurez qu’à lui dire / D’aller se faire foutre » implore le poète - succèdent celles dont l’amour ne dure que six mois. Mais pour un poète « hypertrophiste » ce n’est déjà pas si mal : il nage en histoires d’O troubles  avec des strip-teaseuses frigides, une fermière bavaroise, une maquerelle lunatique voire une cantatrice grivoise chauve à l’intérieur du crâne et une Africaine outrageuse qui initie aux "rites des gibbons" son colon picador.

 

Le poète fait glisser de l'ombre à la lumière l’intimité reconsidérée par un travail moins de dérision que de lucidité. Chaque texte devient une narration poétique. Elle ne possède plus rien de romantique mais prouve qu’une grande partie du travail du poète repose sur ce qui met en question et affecte l’individu dans sa relation au monde.  L'auteur ouvre à des escapades discordantes par lesquelles il refuse de céder le pas au convenu du tout venant. La poésie sonde l’invisible du visible, l’évidence du secret. Une flamme et une femme surgissent dans le chaos de lieux interlopes. En jaillit un grouillement sidéral : il reste un appel à l’amour de la vie dans son épaisseur et fait  éprouver non du fantasme mais le pouvoir d’une douleur subie et qui ne se montre pas.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Guillaume Decourt, « A l’approche », illustrations de Natalie Reuter, Editions Le Coudrier, 106 pages, 16 E.., Mont Saint Guibert.

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