Boris Wolowiec : du principe de la forme

                   



Chez Wolowiec les aphorismes  sans se contredire,  se massacrent les uns les autres afin non de s’annuler mais de faire en sorte que la vérité d’un sens ne puisse se rete­nir dans un seul d’entre eux. L’auteur trouve ainsi le moyen de remplacer l’un par le multiples au seins de multiples entrées. Si bien qu’à la vérité se substitue son avancée par touches successives. Manière d’écraser la dialectique qui forcément enserre le sens entre le blanc et le noir en faisant l’économie de toutes les nuances de « gris ».

Un aphorisme du type  « La liberté habille le sexe. La nécessité dénude le sperme» permet à l’auteur de remettre en perspective le faux libéralisme du sexe : « Jai ainsi le sentiment que cette distinction entre le sperme habillé de la liberté et le sperme nu de la nécessité reste une distinction importante » précise l’auteur. Il lutte en même temps contre la spiritualité de l’écriture qui taraude la littérature depuis l’âge classique.

S’inscrit la « chute » allègre du corps dans l’écriture selon une transmutation et une jouissance. L’aphorisme devient  l’apostille nécessaire à la pensée officielle en proposant une volupté imageante. Par sa réduction et ses strates il libère le discours en inventant une périphérie opérante (à savoir créatrice d’ouvertures).. Existent pour chaque aphorisme et leurs déclinaisons la prise de distance et la diaphonie. La division du discours invente un arrachement, un décentrement. Par la contradiction de directions simultanées et diverses surgissent altération et confrontation que dit la sympathie furieuse du principe d’une telle forme.

 

Jean-Paul Gavard-Perret


Boris Wolowiec, « A Oui », Editions du Vide Immédiat, 2016.


 

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