Lambert Schlechter au dessus du volcan


 

Obsédé par les femmes plus que par Dieu même si l’auteur prétend que l’entité céleste est son « dada », Scheltcher casse le gros bourdon, ébrèche cafard,  désembourbe la roue et le moyeu existentiels de leurs ornières. Il ramasse les débris, les refond - on dit maintenant recycler maintenant - en petits morceaux d’amour ou de sexe qui emportent la poésie : elle court vite avec son « mal » qui est un bien – ou si l’on préfère la petite mort que l’on se donne contre la mort qui nous est donné : a moins que ce soit  le contraire…

 

La vie se caresse. La main passe en boucle sur le dos, dans des creux ou de protubérances en un film presque X, obsédant, obsédé. De mots surtout qui font leurs affaires et s’affairent. La pensée naît du sexe et le texte de la vie contre ce qui – à la fin – l’attend. Pas besoin de se presser mais lutter en inscrivant l’histoire d’une de ses folies, la plus importante et dont le poète livre ici le quatrième opus, après « Le murmure du monde », « La trame des jours », « Le Fracas des nuages »,

 

L’auteur cherche dans son immense culture de quoi l’entretenir, la réinterpréter. Il fait jouer le présent et le passé, le réel et le virtuel dans une thématique de la présence afin que le dernier amour ressemble au premier. Toute une perception se constitue dans les circuits reliant l'action pour un départ sans retour. Afin d’assurer le passé « présentiel » (Deleuze) l'oeuvre devient un garde fou du « ça suit son cours » (Beckett) selon un émerveillement particulier qu'il s'agit de transporter, transposer et renouveler de manière ironique et jouissive dans le flux vital et pour donner naissance à un couple représentation/réalité. Il acquiert  un surplus d'énergie, d'autonomie, de force, de persuasion et de farce.


Jean-Paul Gavard-Perret.




Lambert  Schlechter, « Inévitables bifurcations », (Le murmure du monde, tome 4), Editions Les doigts dans la prose, 2016

Jean-Paul Gavard-Perret

 

 

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.