Patrice Blanc : épreuve du silence

Praticien entièrement à part du médium poétique, Patrice Blanc en "ignore" volontairement certaines règles, afin de mettre à mal les leurres de son apparent "spectacle du monde". Le poète réduit l'impression de réalité en rejetant implicitement la notion de représentation - puisque tout ou presque dans l’existence contribue à son extinction. Bloquant le plus souvent la métaphore l’auteur conteste la puissance assertive d'un référent qu'il mine et décompose : fut-ce même un ange.

La poétique de l’auteur contraint d'émerger hors du signifié et annonce une fin puisque cesse - ou presque - le langage sinon celui de l’amour qui tente de perdurer encore. Blanc choisit un appauvrissement, réduit les moirures et les chatoiements jusqu’à ne plus laisser émerger qu’une absence de tout rapport assignable même en terme de symbole.

L'Imaginaire poétique produit un corpus dans lequel s'inscrit en creux le poids du mutisme quand le langage devient inutile. Seul le silence peut encore tenter une percée. Il entre dans le circuit de la langue en une expérience des limites que la poésie a entamé depuis Mallarmé et jusqu’à Beckett et que Patrice Blanc reprend à son compte. Demeure un appel presque muet à l’aimée comme s’il s’agissait là de tout ce qui reste.

Jean-Paul Gavard-Perret

Patrice Blanc, « La mer de méthylène », Les éditions le Contentieux, Toulouse, 72 p., 10 E ., 2017.

 

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