Marion Schaller l'écorchée vive

 

Détruite par la schizophrénie, Marion Schaller, en ses poèmes, a voulu croire à la rémission. Elle a tenté de rassembler un monde. Mais son unique livre n’a pu aboutir - à son corps défendant – qu’à un "précis de décomposition" loin de toute consolation possible.

Maîtresse de la scansion, la poétesse - qui fut aussi pianiste - chercha à faire de ses poèmes une danse qui deviendrait l’écho d'une marche sans fin. Mais chaque texte est un coup de gong : l’auteur y éprouve les coups de gong de son « mal au bide » même dans ses bouffées d’espoir.

Elle a écrit ses textes à la sortie de ses séjours en hôpitaux psychiatriques. Elle reste soumise à l'assaut réitéré de la maladie qui devient une tonalité mécanique et sans âme. Cette absence contredit l’âme de feu de la créatrice.

La schizophrénie reste néanmoins la source d'une mélodie à la fois ratée et défaite mais sublime. Comme Joëlle de la Casinière en son temps, Marion Schaller livre en conséquence dans ce qui sera son seul ouvrage l’incertitude d’être et d’avoir été.

Avec ses poèmes, plus que ses mélodies proprement dites, l’auteure crée une autre musique inhérente au verbe et à l'image. Cette musique du silence est ce que l'Imaginaire produit de plus intense. Elle devient ce fond de malheur, mais peut être de consolation, voire de "bonheur" et qui justifierait l'oeuvre et sa nécessité.

Jean-Paul Gavard-Perret

Marion Schaller, « Fenêtre sur cour », Editions Samizdat, Grand-Saconnex, 82 pages, 2017.

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