Serge Ritman : Tenir

L’œuvre de Serge Ritman tente de dérober la disparition. Elle perpétue la femme disparue moins pour la célébrer que s’appuyer sur elle afin de se replacer dans le commencement que l’amour proposa.

Contre la fin ruineuse surgit l’avènement. L’œuvre se fait à partir de la femme et devient moins son fantasme qu’à la fois son intimité et sa règle. En dehors, il n’existe point de salut. Comme si sans son aura rien ne pouvait exister. Elle devient même le référent d’un monde qu’elle n’aura pu connaître.

L’intimité déchirée reste la démesure de la Présente même qui ne peut plus l’accorder. Mais pour autant l’œuvre se poursuit dans la décision pleine de reformer du commencement. Si bien que les textes en leurs variations deviennent moins une technique derépétition que l’avenir d’une expérience propre : celle de l’impossibilité qui se veut agissante.

La poésie reste à ce titre l’art de l’intimité du sacré. Son pouvoir n’est pas de fixer des images mais d’en faire apparaître de nouvelles, plus sourdes et « naïves » pour faire corps aux éclats d’une réapparition.

Jean-Paul Gavard-Perret

Serge Ritman, « Ta résonnance, ma retenue » , Tarabuste éditeur, Saint Benoit du Sault, 320 p, 22 E., 2017.

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