Le semainier de Luminitza Tigirlas

La poétesse d’origine roumaine inscrit dans ce beau recueil en trois temps un dialogue sous forme de soliloque afin d’exprimer l’idéal qui ne peut avoir lieu qu’en rêve – cette autre face de l’exil.

Ce qui n’empêche pas de croire au totem et à ses fruits. D’autant que l’auteure se dit  increvable d’amour : non comme le prétentieux noyer mais le saule qui "une fois taillé / jusqu’à l’os / recommence à  verdir du pied de son tronc".

Dans ces trois moments d’appel Luminitza Tigirlas représente l’invisible dans le visible, la parole dans le silence  en ce qui tient d’un jeu de miroirs entre un visage vu de face et une sorte de masque de théâtre.

De plus, en déclinant l’écume des jours d’une semaine, la poétesse donne l’impression qu’il y a autre chose derrière eux comme derrière elle : à savoir ce que les deux cachent d’espoir au-delà des ténèbres de la nuit qui les séparent les uns des autres, comme elle reste séparé de l’amant mutique.

Chaque jour, chaque amour possèdent donc leur attribut et leur mystère. Ce qui n’est pas simple pour celle qui aime et offre par ses mots l’hospitalité à qui se tait comme à tout ce qui fait silence.

Jean-Paul Gavard-Perret

Luminitza C. Tigirlas, Noyer au rêve, Editions du Cygne, Paris, 70 p., 12 euros

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