Jacques Sicard : le visible et l'invisible

Le livre de Jacques Sicard est d'une puissance poétique rare et impertinente. Le monde du cinéma s’ouvre aussi proche qu’abyssal par la force de l'écriture et les assises musicales que le titre indique (mais pas seulement). Est approfondie la vision du 7ème art du moins celui que l'auteur choisi de défendre - de Lynch à Casavettes, de Bergman à Frank Smith.

Le texte tisse accords et désaccords (souvent jazzistiques) entre réalité et rêve, joie et douleur, élévation et chute au sein d'irisations mélodiques et poétiques qui apaisent les antagonismes au sein d’un univers où l'auteur impose ses visions et révisions.

La pulsion de l’écriture cherche à révéler trésors, secrets, mystères que l’imaginaire filmographique refonde au sein même du réel. Au besoin Sicard dans un mouvement intérieur mais qui échappe au mysticisme joue sur divers systèmes de répétitions, de variations et de digressions judicieuses pour que l’enveloppe des images ouvrent sur un invisible soudain présent.

Se révèle un univers où les mots « somnambuliques » prennent possession de la rêverie impertinente pour l’introduire dans les trous et les vides des analyses cinématographiques classiques.

Existe dans un tel texte des élagages et des foisonnements. Ils laissent passer ou filtrer des images fantômes, des sensations imperceptibles au risque du silence mais aussi et surtout afin de mieux sonder l'art selon le swing et des scats qui au lieu de sonner murmurent.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Jacques Sicard, Suites Chromatiques, Tinbad Poésie, Tinbad, octobre 2018 152 p. -, 16 euros

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