Rémy Disdero : encyclopédie du chaos

Rémy Didero a renoncé très tôt à être le meilleur. Le meilleur, c'est toujours l'autre. Et l'auteur et dessinateur se veut un autre "autre" dont les os plus tard, bien plus tard deviendront des poussières d'étoiles.
Pour l'heur il reste le rodeur autodidacte; le perdant magnifique.

Il sait que chaque geste osé et partagé avec soi répare. Mais il apprécie autant ce qui gratte d'autant qu'il ne souhaite pas remonter ce qui est cassé, ça n'a jamais été aussi impossible et la grande béance veille : elle absorbera tout.

Immergé dans ce monde il ne se fait aucune illusion sur ce qu'il cache. Son livre est plus apocalypse que cataplasme. Il y a en lui du Beckett, du Molinier, du père fouettard et un amateur de vin comme le sont les poètes belges dont il est devenu un frère.

Disdero sait s'étendre sur le cosmos en se couchant sur les bancs de clochards. Il est capable d'épingler toutes les brûlure. Ses rêves et ses cauchemars font qu'il se retrouve en sueur aux rayons de la lune près de l'abîme d'un tombeau ouvert de toujours.

Dans le désordre universel la poésie garde ici une perception frémissante qui voudrait oublier la science des larmes. Disdero y redevient verbe. Et dans la solarité noire d'une conscience habitée et ailée il ne cesse de permettre à l'être de devenir qui il est : pas grand chose quoique perché comme un coq sur le grand plongeoir des pendus de toujours.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Remy Disdero, Oaristys et autres textes, Editions Cormor en Nuptial, 128 p., 2018.

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