Tours et détours de Cedric Lerible

A côté ou à la place des images du monde tel que les ronds points veulent l'imposer Cédric Lerible substitue une trame où la violence comme l’utopie ont leur place. Certes les Schéhérazade en voiture ne tiennent plus tête aux pharaons du monde ou aux gilets jaunes.

L’œuvre défait des coalescences - là où le poète préfère le giratoire au rond-point - afin de les reconstruire en une sorte de ventriloquie plastique. Ce qui était jusque là glorifié, est scindé par les ciseaux de Lerible.

Ses automobilistes de sont pas des sans dents ou sans qualité : mais leur monde n'est visible que dans l’invisible. L’inverse est vrai aussi puisqu’on se retrouve dans un espace parallèle et fermé. Plutôt qu'indiquer des direction, le lieu implicitement évoque des fermetures.

La clarté des choix est plus qu’une ombre et offre un changement de paradigme. Le concept de paysage lui-même bleuit là où l’auteur s’en donne à cœur joie. Il déplace le regard afin de prouver que l’on ne naît pas objet de désir. On ne le devient. pas plus.

Ce qui dans le sens giratoire est a priori énergisant ne crée plus de véritables connexions. Rien n'a lieu que son non-lieu en un jeu de collages photographiques et de poésie.
Par l'addition des spécificités métaphoriques des deux techniques, le livre devient une arme de synthèse dans son état pratiquement gazeux. Sa capacité ludique atteint son maximum parce que rien ne vient corrompre une forme de sublimation dérisoire. Elle est autant adorablement drôle que grave donc panique.

Jean-Paul Gavard-Perret

Cedric Lerible, Giratoires, éditions Plaine Page, Barjols, 2015

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