Les défis de Béatrice Brérot

Pour animer la poésie et y délivrer non seulement l'âme mais le corps Béatrice Brérot retrouve par la répétition chamanique un lyrisme qui n'a rien de démagogique.
Traitant l'exil et les sacrifiés au delà de toute frontière géographique , "entre les feuille dans la forêt" comme dans "les vaisseaux caverneux" la poétesse pousse ses sansions, "irise des jonctions" pour nous ouvrir les yeux sur le dedans comme sur le dehors.

Ce livre des corps devient l'arche du vivant et de l'appel dans un immense magma cosmique et macrocosmique afin de sortir de la poésie par la poésie Elle apprend ici la vie au delà du "même" pour réinventer un désir plus large comme fondement du destin collectif et humain.

Contre les murs érigés par l'esprit Béatrice Brérot ne clôture rien. Elle ouvre là où la plus haute communication devient la capacité à comprendre le silence de l'autre afin de lui redonner voix face à toutes les murailles. Pour impénétrables qu'elles soient, elles ne sauraient nous protéger de ce que nous ne voulons pas voir.

Les peuples sont ici "abranchés hors bords". Le poème devient émeute et prière afin que le monde ne soit plus un asile d'aliénés où les gens sont traités par les pilules du mépris tandis que le mort inventorie les âmes.

La poétesse ne se demande plus où est passé le Verbe. Elle s'en empare, le lance en espérant qu'il ne tombe plus faute de soutien. Il en va de la vie là. La corolle des narcisses se dissipe au profit d'une communion face à la perversion des consciences et des désagrégations économiques.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Béatrice Brérot, Dix mille êtres dedans, estampes de Nadège Druzowski, Saint-Génis-les-Fontaines, Color Gang, janvier 2019, coll. Luminaires, 64 p., 13 euors

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