"Et la nuit passera sans pouvoir nous réduire" : revue Folazil n°3

Jouant sur différents échos soulignés par les dessins de Martin Fuster, les quatre auteurs de cette "Nuit" de presque ivresse équarrissent, élaguent tout discours afin que la poésie devienne verticale.

Ils maintiennent le langage ouvert et proliférant en abîme de sens puisque ce dernier ne prend plus, ne se caille pas ni ne se cale pas dans la langue. A l’inverse il débonde, s'ose, déborde juste ce qu'il faut afin que la langue maternante trouve un nouvel essor.

Elle sort ici du corps, en ses fins ultimes, tente donc de se refaire une santé de dedans là où ça bouge, où ça le soulève tant que faire se peut. Elle ressurgit de ses cendres car elle n’est plus soudain grevée de gangrène.
Elle se met encore à exprimer, à expulser ce qui souvent demeure caché dans son granit officiel. La parole débridée n'est plus une simple idée : c'est une prise de corps pour que la vie existe à pleins poumons.

Comme Artaud les quatre auteurs ont renoncé aux anges "c'est-à-dire des peaux d'esprits émanés qui ne veulent plus s'en aller" car ils ne réduisent pas le sentiment de l'être à une invention arbitraire "basée sur un crime stupide" mais sur l'éloge de l'existence même dans ce qu'elle peut posséder de douloureux.

Jean-Paul Gavard-Perret

Justin Follenfant, Julie Fuster, Ina, Narimane Rahdoum, Et la nuit passera sans pouvoir nous réduire, dessins de Martin Fuster, Editions Folazil, Grenoble, 2109, 76 p., 12 euros

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