Christian Prigent : par ici la sotie

Faisant des enfants dans le dos de la langue maternelle Christian Prigent ne cesse de créer une soufflerie physique pour reformuler des annales poétiques qui sortent par tous les trous.
Si bien que ça dépote à chaque niveau du corps et en avant pour la "jouissaille". "Bon pied, bonne asthme", le poète entre dans le dur comme au besoin, et métaphoriquement bien sûr, entre les molles fesses des doctes qui en prennent pour leur grade. L'auteur fait la nique à Meschonnic se permettant ce que les coincés du bulbe du logos n'osent pas.
 

Tout luve et diluve. Et nous voici dans de beaux draps. Le poète les déplie ici de ses textes et de sa voix. Il y a là des catastrophes linguistiques et des rires irrépressibles. La sauce blanche éjacule en "grue-mots" pour mettre à mal les langues de bois des positions de classes - laborieuses ou pas.
 

Existe donc un véritable exercice de "dépense" dans le sens où l'entendait Bataille. Tel un nègre blanc de la langue Prigent s'en donne à corps voix. Comme il le dit dans ces textes épars « Ironie mon trésor » est son esthétique de "mononstre" actif, de Jack l'éventreur grammatical.
 

Aux rhétoriciens malades de leur peste il mord l'aqueux de leur propos soluble dans l'idéologie. Son "parler patraque" fait feu de tout bois sous les jupes du langage.
Gloire aux affreux et par ici la sotie. Tout est bon pour faire parler la langue en la sortant de son "caveaubulaire".
Rien de plus roboratif à qui veut comprendre ce que vraiment parler veut dire.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

Christian Prigent, Poésie sur Place", Les presses du réel, collection Al Dante, mars 2019, 112 p. -, 15 euros

 
 
 
 

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