Hervé Martin et les lieux du corps

J’en gage le corps saisit par sa force, sa puissance. Le poète touche à l’essentiel dans un chant d’amour. Il va droit devant, dedans :
J’imagine
En fragments
La mémoire t’invente
Jachère où je cultive
Images paysages
La vie pansée de toi
Tout alors me revient
Mêlé entre ce que tu fus
Et ce que ma mémoire en fit.
Hervé Martin brise ses compositions, les abrège pour ne retenir que l’incontournable. Le graphisme même des poèmes crée une partition parfois douce, parfois violente. Sensorielle toujours. S’y mêlent fantasmes, désirs, rêves, souvenirs dans un exercice de liberté absolue. La femme y garde un rôle majeur. Le poète en exhibe le corps aimé. Il se «développe» selon des axes imprévisibles, inattendus.
Adeptes des ruptures Hervé Martin s’écarte des modes et ne cesse de cultiver le risque. Son texte autobiographique reste sans complaisance. Il révèle le plus profond de sa et de la nature humaine hors de toute concession. S’y mêlent une forme d’étrange proximité et un paradoxal éloignement. Mais ce dernier reste majeur. Il plonge dans les profondeurs de l’être, dans ses labyrinthes. D’où l'effet de divagation qui axe – sur un point central – une charnière majeure.
Jean-Paul Gavard-Perret
Hervé Martin, J’en gage le corps, coll. "Accents graves, accents aigus", éditions de l’Amandier, mars 2011, 80 p.-, 13 €
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