Engagé dans le monde culturel de son pays (la Roumanie), Teodor Dune est un de ses poètes majeurs. Il explore l’identité dans un jeu d'éros et de thanatos comme dans celui du corps et de l'esprit.

Ces postulations contradictoires conduisent à une sublimation de leurs pulsions. Surgit une approche qui se démarque du dualisme des rationalités dans une œuvre où les tabous s'effacent selon des processus de remplacement et de déplacement. L'auteur se concentre sur un substitut de l’objet de désir. Celui-ci prend divers aspects et parcours plusieurs champs.

La mélancolie – qui souvent n'est qu'un sentiment introverti selon l’ancienne doctrine des humeurs – trahit ici le manque de quelque chose qui est identifié avec une partie de soi. Ce quelque chose  est censé avoir été trouvé mais il a encore été perdu : d'où l'errance du poète en ses parties de vérités.

Dans le sentiment actuel d’un monde globalisé, la solitude et l’isolement prévalent en une telle poésie où les valeurs ne sont pas des prétextes pour attirer consensus et foules. Elles créent une cohérence réelle. La capacité poésie projette, à la place d'un carpe diem, un principe d'incertitude chronique dans la vie de celui qui écrit, je sais seulement que je ne m'appartiens pas.
En ce processus d’identification, fondement du «circuit» des poèmes, ceux-ci recueillent la psyché de Teodor Dume. Existe une projection fantasmatique de sa sensibilité, son ego, ses joies, ses secrets, ses tourments et sa vie.
Cette identification est transmuée en une force qui génère l’acquisition ou, plus précisément, la possession de l'être au profit de l'avoir. Et ce, au moment où le poète génère un dialogue entre des "simulacres". Ils apparaissent comme réels mais l'auteur les défait dans une esthétique circonscrite au sein de cette relation symbolique et totalisante entre l'amour (sous différentes formes) et le sacré.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Teodor Dume, Quand les ombres traversent la nuit, traduction d'Amalia Achard, éditions Stellamaris, janvier 2019, non paginé, 16 euros