Les prunes de Cythère : Frédéric Prunier

Frédéric Prunier s'est approprié les vers du Vieillard de Téos – à savoir Anacréon – le plus ancien des lyriques de la Grèce antique dont il ne reste de l'œuvre que des fragments. Il en existe à la fois bien des versions (de Remi Belleau par exemple) et diverses imitations et appropriations (chez Ronsard, Leconte de Liste et bien d'autres). Prunier s'est donc permis à son tour sa libre interprétation dans tout un jeu de plongées et contre-plongées poétiques.

Il s'agit donc de distorsions volontaires dont Anacréon est la référence. Mais le poète de notre temps prend judicieusement la main. A la fois à cœur ouvert et à travers son corps désaccordé, sans choryphée . Il est un peu débordé mais enivré par les prunes de Cythère.

Le texte premier est un enclos à creuser où germent les mots de Prunier. Sans perdre sa foi en Anacréon il crée ses secrètes causeries et nombreuses digressions dont éléments érotiques ne sont pas les moins intéressantes...

Le créateur sait qu'avant l'éternité qui nous guette (mort aidant) il convient de se rouler dans diverses bauges là où la flute avec peu de trous fait afficher de "vieux sourires satyres aux rides creusées" par le plaisir du stupre. la nature si juteuse crée divers types de vertiges plus délicieux les uns que les autres. L'âme bien sûr y a sa part. Mais le corps n'est jamais oublié. Et c'est peu dire.

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Frédéric Prunier, Le vieillard deTéos, La Bartavelle éditions, Charlieu, février 2020, 100 p., 20 euros

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