C’est au pied de l’échelle que se repère le vivant – Richard Meier

Les carnets et livres de Richard Meier prouvent que la vérité n'existe pas : mais elle prend une certaine lisibilité dans ses leporello à fonds multiples. Plutôt que de mettre du riquiqui dans les mictions, les matrices des pages deviennent des chaudrons de sorcière où le créateur fomente ses fermentations et ses caprices des dieux pour mortels.

Le livre se déploie et se déplie entre lumière et ombre où l’espace fécond et déchiqueté fend la parole avec le dessin de diverses échelles et  jeux de trapézistes. Si bien que le créateur lorsqu’il coupe l’entre de la lumière, il  semble n’avoir plus rien à dire (ce qui reste à prouver) mais encore beaucoup à montrer dans ses spectrométries particulières.
Il s’agit une fois de plus de penser en action et sans omissions dans les palettes en noir et blanc du pâle être. Mais il remonte en couleurs. Plutôt que de passer sous les fourches caudines des échelles il lui convient dès lors de gravir les échelons. Et tout est bon pour atteindre le ciel – autre version de s’envoyer en l’air. 

Il suffit d’avoir dans le ventre suffisamment de courage et d’encre afin que du noir d’entrailles jaillissent ce que l’inconscient cache. L’écriture n’est non seulement "bonne qu’à ça" mais c’est son rôle. Et lorsqu’elle ne suffit pas, il faut "de" l’image pour qu’elle sorte encore. Il y a là le risque de se briser les os mais c’est ainsi que l’adore suit son cours pour s’éloigner du styx par la passion qui reste souffle attaché à la viande avant que le temps du silence efface les mots et les images. Ici demeurent au moins leurs sillages. Et pour Meier  la meilleure façon de  marcher et de parler.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Richard Meier, L’échelle pour la page & Illusions Sillon - Inépaisseur des  illusions n°4, éditions Voix, Elme, 2018 et 2020

 

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