Stéphane Gauthron : et vogue le navire

Avec Stéphane Gauthron la poésie prend un pouvoir expressif polysémique. L'imagination n'est jamais émoussée – au contraire. Les lignes emportent la surface en vagues et en conséquence l'eau monte. La vie s'y enfonce comme dans la nuit dont les ombres ne sont pas sans émouvoir.
Se produit quelque chose de dur et de bouillonnant. Là où la passion d'écrire est constante dans la volonté de déplacer l'indifférence et une certaine violence collective qui apparaît dans plusieurs pages.
Et si souvent les poètes n'ont qu'une imagination émoussée, ici elle plonge mais toujours à portée immédiate de la sensibilité. Les mots sont coupants et déclouent divers types de frontières ente le familier et l'étrange, le masculin et le féminin, le passé et ce qui peut advenir, bref entre l'amour et la haine, les modèles et les genres.
Il ne s'agit pas de coudre ces oppositions mais de trouver en elles des points de réveil. Le silence et ses rubans de sangles n'est plus de mise. La femme fait parler le mutique.
Stéphane Gautron étrille bien des aliénations au souffle de son écriture là où se hisse la bouche qui se découpe de mots où s’agrippe l'espoir même si bien des commencements sont restés sans suite. Mais ici et désormais le point final n'est pas un terme. Peuvent continuer de nouvelles formes qu'il reste à colorer pour que se lèvent d'autres histoires.
Jean-Paul Gavard-Perret
Stéphane Gauthron, Ainsi l'eau monte, Trois Petite Truites éditions, Crest, mai 2020, non paginé, 8 €
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