Vlado Kristl l'incompris

Vlado Kristl est né à Zagreb en 1923 dans une famille aristocrate. Dès la Seconde Guerre Mondiale il se fait connaître comme caricaturiste puis entame une carrière de peintre et fonde avec d'autres créateurs le groupe "Exat 51" qui propose en Europe un des premiers pôles de l'abstraction géométrique par opposition au réalisme socialiste (doxa esthétique du régime yougoslave).
Il commence aussi à publier des poèmes et réalise plusieurs films d’animation. Son génial Don Quichotte le fait reconnaître dans le monde entier.

Suite à la censure de son court-métrage Le Général et l’homme réel où Tito est brocardé, il s’installe en Allemagne et en France. A Berlin il devient un des chefs de file de "Nouveau cinéma allemand" et crée une trentaine de films expérimentaux (courts et longs métrages, films d’animation).
Il devient enseignant à l’Ecole supérieure d’arts visuels de Hambourg (1979 -1996) et publie de nombreux livres. Peu à peu il retourne au dessin et à la peinture et s’y consacre entièrement jusqu’à la fin de sa vie.

En dépit de ses fonctions et de son rôle le créateur demeure libre et anarchiste et rejette toute appartenance collective. Ses œuvres – quel que soit le médium – sont marquées d'une vision critique. S'y mêlent un certain classicisme mâtiné d’avant-garde, intrigante et provocante, lucide et humoristique.

Ses travaux complexes restent encore controversés et ne reconnaissent pas encore l'écho qu'ils devraient recevoir. Debout dans l'infini permet enfin de faire connaître l'œuvre poétique de Vldo Kristl où se découvre son double "engagement" autant dans la poésie que dans l'art dont les objectifs ne sont pas de représenter la réalité mais la recréer.
Partisan d'une certaine désorganisation (on dirait maintenant "déconstruction"), Vlado Kristl joue un rigoureux parti pris de sécheresse contre l’emphase. Il s'agit de toucher le lecteur - comme les spectateurs dans ses films - par des formes du non-art et une certaine emprise du mouvement.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Vlado Kristl, Debout dans l'infini, édition bilingue avec un portrait photographique de l'auteur, préface d'Anna Marija Habjan, traduit du croate par Martina Kramer, éditions l'Ollave, janvier 2020, 134 p., 15 €

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.