Quand Raymond Farina fait le ménage

Plus qu'un brin de fantaisie dans les lexicologies poétiques compassées Raymond Farina introduit forcément le trouble dans les certitudes des dieux et des statistiques. Haro aux scolastiques carcérales et aux pastiches heidegerriens.
Même s'il ne faut pas croire aux lumières : car tout mène aux Cythères sibériennes / et aux Pologne sans retour.

Pour autant espérer dans le poème ne fait pas de mal. Et – plus que le vin – cela fortifie l'homme et n'affaiblit pas la femme.

Mais loin des arrogants et tous les taratatas, Raymond Farina plaisante tant qu'il le peut avec le destin, fait du rien son bel avril. Certains diront qu'ils se contentent de peu mais tant se satisfont de moins.

Dès lors il est bon de vagabonder entre allégresse et mélancolie, humour et sérieux, avec un tel poète. D'autant qu'à mesure que montent les ans et que descendre les escaliers est de plus en plus difficile, nous acceptons ce qui reste : l'affection des arbres – entre autres – pour lesquels les élégies sont superfétatoires.
Certes le monde est de plus en plus rosse pour celles et ceux qui y demeurent comme pour leurs descendants. Néanmoins chacun s'accroche avant de devenir ange après avoir été démon.

Et Farina nous accompagne avant le ballet de nos ombres dans les volutes des poussières qui s'endorment peu à peu sur le plateau d'un buffet près du bocal où un poisson rouge oublie sa mémoire.
 

Jean-Paul Gavard-Perret
 

Raymond Farina, La gloires des poussières, coll. Surya, éditions Alcyone, septembre 2020, 60 p., 16 euros
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