Rémi Mogenet : cérémonies secrètes

Du lien tissé entre l'épopée et le lyrisme intime Rémi Mogenet tire des symboles et des images de puissance. Pour autant le Haut-Savoyard n'est pas un poète symboliste. Il mélange des textes pratiquement oulipiens à la tradition. Et ce, parfois dans une angélologie élaborée liée aux planètes et en témoignage à Lovecraft et Clark Ashton Smith ses maîtres.

Rémi Mogenet refuse à la poésie un simple statut d’archives de mémoires intimes ou de reproduction du paysage. Ses textes déconstruisent et reconstruisent le monde selon diverses approches : à l’homogénéité fait place l’éclatement.

Sans provoquer par des énoncés transgressifs, l'auteur ramène à la question essentielle : Qu’est-ce que le réel ?
Du sombre naît une lumière sourde et un paysage mental. S’y traverse la nature pour atteindre des lieux à la fois proches et lointains. Le réaliste se mêle à la fantasmagorie en diverses hybridations. Elles cassent les frustrations.
Peuvent surgir des phosphorescences mystérieuses où sur les ruines du réel se redessine une architecture admirable.

Rémi Mogenet propose la possibilité d’atteindre des environnements sensoriels inédits par ses mises en scènes. Le paysage prend une valeur hypnotique. Il agit sur la perception. Souvent Mogenet  préfère jouer d’une monumentation particulière entre le flou et le précis, l’indice et la fragmentation selon une dynamique avènementielle.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Rémi Mongenet, Chants et Conjurations, préface de Jean-Noël Cuénod, éditions L’Œil du Sphinx, octobre 2020, 167 p., 10 euros

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