Cathy Jurado, Laurent Thinès et les indésirables

Cathy Jurado et Laurent Thinès se font ici les chantres transgressifs des gilets jaunes. L’œuvre se veut donc militante et estime veiller sur la liberté dans un travail de mémoire. Il fait de l'État celui du droit des assassins et rappelle bien des luttes sociales contre le libéralisme planétaire.

Cela est dit avec force et en hommage à des sœurs et frères courage dont certaines attitudes pouvaient toutefois donner sujet à mettre des bémols quelques éclats.  Et la vision partiale entre le bien et le mal possède les limites qu'une telle stratégie d'évocation génère.

La cause défendue par deux poètes de talent ne pourra convaincre que ceux qui le sont déjà. C'est bien la limite de toute œuvre engagée. Le trash manque ici de "comédie" par un alignement d'office des rôles selon une seule face. Si bien qu'un tel livre pourrait être le vade-mecum réussi de celles et ceux qu'il défend et qui firent les belles heures des chaînes de télévision d'informations (si l'on peut dire) en continu  (BHM, CNews, LCI) qui en battaient la crème.

Tout reste soit jaune soit noir et manque de la moindre nuance. Certes beaucoup avaient envie que le réalité soit secouée d'un agti-prop renaissant ou d'un actionnisme non seulement viennois. Ce livre en sera la chanson de gestes et celui d'une génération de croquants en laquelle les plus jeunes ne se retrouvèrent pas forcément. Cela fut et reste le dernier coup d'éclat des baby-boomers peu soucieux peut-être du monde qu'ils leur laissent en héritage.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Cathy Jurado et Laurent Thinès, Feu  poèmes jaunes, éditions le Merle Moqueur, Pantin, décembre 2020, 78 p., 10 euros

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