Jules Mougin : un facteur-poète au purgatoire ?


Ô Jules, sans doute qu'il n'y eut jamais jusque-là sur Terre un autre facteur des Postes ayant écrit et envoyé autant de lettres que toi.
À la ronde et bien par-delà ! Pour les cas graves, comme au moindre prétexte, confidence pour confidence, coups de gueule pacifistes ou autres, battements ou mal de cœur en toutes lettres, pour le plus pur plaisir d'écrire aussi ! Par goût, par jeu, comme, aussi bien, par incurable nécessité intérieure.
Tournée générale toujours entièrement manuscrite ! Quantité de dessins au Bic ou à la Sergent-Major en prime ! Tout le temps bon poids, bonne mesure !

Or, aujourd'hui autour de toi c'est le silence, pas d'écho, rien par "retour de courrier", un silence avare et froid qui s'installe, en devient dur, tel un black-out, comme si ça ne suffisait pas que tu sois hélas déjà parti pour l'autre côté, y retrouver Jeanne et Jean en particulier.
Oh, mais quelle injustice à ton égard ici-bas, toi la plupart du temps si enthousiaste, en verve Jules Mougin quoique si grave au besoin Jules Mougin et si volubile ! Distribuer, distribuer, semer, partager entre mille et un, entre mille et une, foi de facteur dans l'âme, n'est-ce pas !

Amis et proches de Jules, unissez-vous ! Vous qui avez reçu, dans les deux sens du terme, ouvrez donc maintenant vos tiroirs en son honneur, décachetez de nouveau. Pour de bon en gage d'amitié fidèle, profonde et véritable, scannez, photocopiez puis, comme lui, n'ayez pas peur d'aller ensuite jusqu'au bout en envoyant aux uns et aux autres par courriels ou par la poste ! Si vous le voulez bien, rendez ainsi à César ce qui appartient à Jules !
Je voudrais ne pas crever idiot ! Pouvoir aimer, encore, après ma mort !  fut, paraît-il, son dernier mot.
Aussi, selon ce vœu qui, on peut le croire, lui fut cher, qu'il pleuve ainsi un peu partout d'un peu partout – car la Terre a soif, terriblement, plus que jamais ! - nombre de ses lettres, de ses dessins ; le cachet de l'ordi ou de la poste faisant foi de la vôtre en faveur de celle du facteur-poète qui écrivait, justement, en toute et pleine connaissance de cause : On ne perd pas son temps en écoutant son cœur !

 
André Lombard

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1 commentaire

Merci à vous, et on vous rassure Jules résonne toujours autant ici, à Chemellier, là où il habitait.

Nous aurons plaisir à vous faire visiter ses troglodytes qu'il a constellé de poèmes, dans lesquels nous vivons à présent, à vous raconter nos années délicieuses à ses côtés, et à vous faire découvrir les nombreux documents, photos, dessins, sculptures que lui, sa famille ainsi que leurs amis nous ont offert.

Nous aurions aimé joindre à ce message quelques photos mais nous ne trouvons pas comment faire, désolés.

A bientôt et longue vie à la Julésie !

Manuel et Dorothée