Ce précis de Richard Meier est un petit traité d'ignorance dont les mots et les dessins – sous prétexte de la mesurer – en souligne les possibles erreurs mais aussi la vérité à l'écoute des "petits silences".

Le créateur espère encore comprendre, même si à mesure que le temps passe et que le leporello se déplie, le bruit de la langue a du mal à attraper dans le miroir de l'image des illusions. Celles apportées par le rêve mais pas seulement.

Roulent les jours et routinent nos quotidiens – même si l'auteur prend soin de biffer cette dernière phrase. Car reste l'élan et quelques présences (les pommes par exemple) : d'où la jubilation des traits et des mots qui espèrent encore tout en cherchant ce qui fut est oublié.
La mâle assurance aux croyances ne fait cependant pas long feu. Et que la lettre prenne ses racines dans l'image n'y change rien  : en avant, doute !

Le tout dans une écriture privée de peur face à un monde de plus en plus incompréhensible. Mais dans les solives du désir l'écriture - moins privée de sens qu'il n'y parait - suit son cours. Il s'agit de tenir encore, tenir.

Jean-Paul Gavard-Perret

Richar Meier, Beaucoup entendu - rien compris", éditions Voix - Richard Meier, Leporello, février 2021