Face à l'aliénation intérieure et extérieure chacun rêve d'un Je suis d’ailleurs, je suis autre chose… Mais pour Thomas Lavorel notre progression se mesure à des réalisations simples. Chaque jour est important et comporte des occasions de réaliser un moment de notre vérité, pour ouvrir une porte mentale, résoudre un problème ou une contradiction.

Cette pratique spirituelle et physique est l’apprentissage de la sagesse. Manière de revenir à la caverne platonicienne pour en ressortir habité par d'autres outils que des armes. Notre fonction idéale serait donc de favoriser la traversée des voiles du Mystère que la conscience suscite pour penser la Réalité de son Être. Si bien que l’enfant lumineux du poème s'arrime à cette renaissance.

Pour cela, à toutes doctrines – ces emplâtres sur une jambe de bois – l'auteur préfère la pratique qui, seule, donne naissance et direction hors des illusions. Et l'auteur de rappeler que ce que nous appelons la Civilisation loin d’avoir résolu l’énigme du meurtre fondateur nous met devant la fracture ouverte de tous les futurs les plus abominables.

Dès lors le livre résonne comme un appel à l’éveil de la conscience planétaire. Aller au bout du nihilisme est donc le plus fou et le plus simple des voyages. Avec un peu d'attention, d'intelligence et d'affection nous trouverons de quoi repeupler un monde fantastique habité non de fanatiques mais d'humains bien humains conscients de leurs limites mais aussi de ce que l'imagination peut produire de bon et de bien.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Thomas Lavorel, Au bout du nihilisme,  éditions Le Lys Bleu, février 2021, 11.50 €