Henri Droguet phénix des hautbois

Mi-normand, mi-breton Droguet continue à s'amuser de et avec la langue. Car sous une thématique que ses lecteurs connaissent bien, tout tient – pour être en soi et posséder des paysages – au choix des mots en "dérinçures", en reprises d'un passé empiété et d'un temps remontés loin des processus numériques.

Va donc le marivaudage du vocabulaire. S'y retrouvent bien des mots oubliés – des lanturlus aux émissoles, des ébrais au panicaut, de la vanvole au tretous. Ce qui permet à la nature qui a horreur du vide de trouver là une scopie fantaisiste voire fantastique surtout quand les jours sont tout noirs et qu'il pleut de l’ombre [...] dans la poche du diable.

S’intéressant aux mouvements des marées motrices des vents comme de l'océan, le poète se plait à dix-vaguer entre les éléments paysagers mais aussi poétiques. On retrouvera facilement Rimbaud mais aussi et forcément Perros de même que Baudelaire et ses merveilleux nuages.

Droguet reste à ce titre un néo-parnassien mais d'un genre sacripant. Ce n'est pas la beauté marmoréenne qui l'intéresse, ni le lyrisme. Refusant de faire mumuse avec les muses il préfère les si reines des prés salés dans le bruit des embruns pour mettre à mal le silence final. Le tout dans un attirail aussi savant, technique, historique, que primesautier et d'une "trivialité positive" qui fait du poète le phénix des hautbois.

 

Jean-Paul Gavard-Perret

 

Henri Droguet, Grandeur nature, éditions Rehaut, 2020, 82 p.,  16 €

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