Patrizia Valduga : cas d'X

Patrizia Valduga est une des voix importantes de la poésie italienne. Dans son œuvre tout se joue entre Eros et Tanathos. Inspirée par Rebora, Pascoli, Montale et surtout Giovanni Raboni (qui fut son compagnon), sa poésie joue à la fois d'une économie et  d'un facture baroque précieuse, jusque dans sa confrontation à la forme fixe : sonnet, quatrain, huitain.

Peu connue en France, d'elle nous attendons encore la traduction de recueils tels que "Medicamenta e altri medicament", "Prima Antologia" ou "Il libro delle laudi".

Les Cent quatrains érotiques restent le théâtre visuel et érotique d'une femme qui exprime en duo toutes les nuances et les forces de son amour passion. Le tout en une seule et longue nuit où un couple fait se rencontrer leurs corps, leurs mots, leurs esprits.

Deux voix distinctes prennent la parole dans ce recueil vibrant : elles monologuent ou se répondent d’un poème à l’autre. Tantôt triviale, tantôt imprégnée de lyrisme, la poésie entraîne dans un monde de désir, de jeu, d’une certaine violence.
Et aussi d’épuisement et de tendresse.

L'irruption du corps et du sexe est totale dans ce livre où s'abrège la distance entre la femme et son fruit. Le tout en une langue tendue, archaïque juste ce qu'il faut loin des chauves rhétoriques pour laisser place à l'amour échevelé. Comme si deux anges délinquants soufflaient sur leurs propres braises.
 

Jean-Paul Gavard-Perret


Patrizia Valduga, Cent quatrains érotiques, éditions Nous, mai 2021, 128 p.-, 15 €

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