Barrières et fossés : Jean Richepin

Les éditions Le chat rouge permettent de rappeler à nous Jean Richepin à travers sa Chanson des gueux.
Ce livre prouve combien le poète reste un auteur digne d'intérêt et résolument contemporain. Et ce,  lorsque par exemple il rappelle sans autre forme de procès De mes espoirs défunts, je chaufferai mon cul.

Jean Richepin savait que chez les méchants vauriens l'âme chante aussi. C'est pourquoi il reste le poète des fous et des perdants qu'il sait sublimer dans une œuvre à redécouvrir car elle reste en solidarité aux gredins que nous sommes ou avons été. Preuve qu'il n'y a rien de bien neuf dans les incidents de la société.

Le poète fixe donc un visage du temps qui survit à toutes les flétrissures. Et pour le dire les vocables jaillissent entre argot et langage soutenu. Tout gazouille chez cet oiseau-lyre qui donne à la matière humaine populaire ses riches heures lestées de mantras incertains et de dérision téméraire.

Surgissent  une faconde et une musicalité à la Villon. Comme lui il reste le poète des fossés et des buttes, proche des "voyous les plus noirs" et de ceux qu'on nommait "arsouilles" et ne se voulaient en rien les débiteurs des potentats  dont le pouvoir mettaient leur existence sous hypothèque sous prétexte que les premiers étaient ingérables. C'est vieux comme le monde. 
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Jean Richepin, La chanson des gueux, éditions Le Chat Rouge, mai 2021, 280 p.-, 20 euros

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