Olivier Hobé, portrait du poète en merle moqueur

Olivier Hobé à coup de tercets propose des narrations-minutes, des instantanées et aussi des réflexions plus ou moins intempestives et ramassées. Par exemple, est affirmé qu'il faut huit femmes /pour faire / un oiseau, ce qui à l'évidence est un peu juste.

L'ironie et la dérision deviennent les vecteurs d'un tel imposteur d'observations. Tout s'y mêlent : la pluie (acquis social de la Bretagne sauf dans les étés pourris), Glenn Gould, Lance Armstrong. Si bien que le désenchantement affiché ou l'humour gris restent des plaisanteries de derrière les fagots.
Jeux de mots et à peu près forment le lit où se joue la partie avec des arrêts de je provisoires pour souligner l'état de nos lieux et de notre condition illusoire. Pas de quoi en faire une choucroute. Il faut que la galère vogue avec en capitaine un officier pas plus gradé que nous.

Et c'est ainsi que la poésie se moque de tout même d'elle-même et ce quoiqu'il en coûte d'en écrire encore entre matière de mémoire et celle de l'oubli. Qu'importe s'il y a du jeu aux entournures. Col relevé (même si c'est plus de mode) Hobé sortant du lit pousse la porte d'un tabac-bar où un café noir de vie et une eau du même registre l'attendent et où les bons entendeurs le saluent bien bas.


Jean-Paul Gavard-Perret

Olivier Hobé, Le tabac est ouvert suivi de Je n’ai pas fermé l’œil de ta nuit, Pierre Mainard éditeur, juin 2021, 77 p.-, 13 €

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