Le dictionnaire philosophique d'Olivier Rachet

Totalement engagé dans son livre, Olivier Rachet n'y va pas par quatre chemins : Je vous le répète, lecteurs, j'accepte de porter le fardeau de tous vos préjugés. Il semble même s'accoquiner à eux : Je partage sans doute avec mes frères arabes la pensée qu'être pédé en terre d'Islam ou de chrétienne relève de la malédiction.

Mais l'auteur pour lever bien des malentendus, ne se contente pas d'un "coming-out". Sous-titrés "un chant d'amour post-colonial" ce livre dans sa radicalité (jusqu'au possessif du titre) risque de choquer. D'autant que la force de l'intelligence, l'ironie et le lyrisme du texte peuvent être mal compris au moment où la sous culture façonne des esprits de moins en moins enclin à la gageure que tout livre de ce type engage.

Rachet met à mal toutes les idées reçues. Son livre permet ce qui pour certains représentera des spéculations les plus hardies mais qui remettent le minaret au milieu du village. Ce nouveau "dictionnaire philosophique" fait de l'auteur un Voltaire ou un Genet plus qu'un Gide ou Bowles. Ceux-ci aimaient le Maghreb seulement pour les aventures amoureuses tarifées que le Maroc permettait.

L'auteur ouvre le débat sur ce qui pour certains reste un problème majeur. Il se réduit ici à un faux débat. Se crée une suite à L'Encyclopédie par une avancée concrète romantique dans sa forme mais jamais déréalisante. Bien au contraire. Là où se construit une réversibilité des cultures, elle insulte nécessairement les "penseurs" de CNews. Avec Rachet la division n'est plus de mise.


Jean-Paul Gavard-Perret

Olivier Rachet, Mes Arabes, Tinbad, septembre 2021, 168 p.-, 19 €

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