Par le spatialisme Pierre Garnier a mis du silence dans les mots afin que l'espace les fasse parler autrement. Par exemple, quatre triangles formés à partir du mot picard "ob" (épervier)  miment son vol.

Marianne Simon-Oikawa pour cet album anthologique a fait un choix judicieux. Elle réunit des poèmes spatiaux mais tout autant des textes linéaires dans un univers où au milieu de rien tout devient paradoxalement essentiel.

Et c'est comme si, lorsque les choses ne sont pas traduisibles en mots, leur immersion dans l'espace parfois fragmenté en signes, leur permettait de flotter dans l'air selon un régime que peu de chercheurs en poétique ont tenté de sonder.

Les poèmes retenus proviennent des 18 recueils du poète publiés entre 1963 et 2013. Ils prouvent son talent dans le domaine classique comme dans celui du spatialisme et du lettrisme. Dès lors Garnier reste ici au firmament de la poésie expérimentale et "lisuelle".

Jean-Paul Gavard-Perret

Pierre Garnier, La beauté du monde, coll. La Petite Motesta, Fidel Anthelme X,  décembre 2021, 48 p.-, 10 €