Anne Brousseau : la guerre n'est jamais finie

Les guerres ne sont jamais finies car pèse toujours entre leurs intervalles le poids des traumatismes. Mais à la  difficulté d’adhérer à un tel  monde, le langage donne "sens". Il prouve aussi que les monstres demeurent et qu'ils peuplent le sommeil et les espaces familiers – dont ici le jardin.

Demeure néanmoins tout un effort de remémoration de la fraîcheur des matins et d'un temps plus serein. Anne Brousseau en redessine l’espace dans la dépouille de repères. Sortant du voile de la nuit, ici le cauchemar affronte le réel, rejoint les vivants en créant le Présence. Elle est toujours grevée de menaces et de hantises.

Mais comme entre deux mondes la poétesse devient, plus que repos du guerrier, le passe-muraille de la vie face à la mort et  du jour contre la nuit même s'il existe en une telle postulation quelque chose d'impossible.

Le souffle crée un langage riche et profond. En empathie avec le monde Anne Brousseau s’accroche à la moindre aspérité pour retenir une verticalité qui n’a rien d’une simple spiritualité. D'un peu de mort vive elle tente encore le rêve et signifie un temps et un espace de discontinuité qui tente bien d'autres choses que l'usufruit dicté par les guerres.

Jean-Paul Gavard-Perret

Anne Brousseau, S’il fallut un jour la guerre, Éditions La tête à l’envers, décembre 2021, 58 p.-, 15 €

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