Jean-Daniel Botta et Philippe Crab : coprophagie et/ou divin nectar ?

Dans les vagues d'éboulis de leur fiction, Philippe Crab et Jean-Daniel Botta – au demeurant musiciens émérites – créent une sorte de longue dérive peu prodigue en tendres lamentos mais riche en formules magiques là où à deux voix et en voies multiples leur livre devient une poursuite pour le moins ambiguë.

Le caveaubulaire sort de sa tombe, en jaillit par la magie du verbe et des situations plus pou moins compromettantes une passion plus terrestre que christique et céleste. Tout chaloupe à outrances dans cet enfer verbal, avant que les hommes devenus vieux ne puissent que parler aux mouches sur lesquels ils rêvent de monter à califourchon  pour remplacer leur rossinante – jument nommé Photomaton – qui risque de finir en image sourde ou  morte.

Bref le monde est peuplé d'avortons d'une cours des miracles dont la plaque tellurique ne cesse de tourner en cacahuètes. Exit néanmoins la Cathédrale Notre Drame. Exit les statues de marbre. Dans ce territoire co-expansif – où une 4L sert moins de bouc émissaire que cheval de Troie ou de Troyes – à l'impossible chacun est - tout nu ou non - tenu.
Qu'importe si le pays d'Aase est un marais cage peuplé de cailloux et de canailles. Les deux auteurs n'en font qu'à leur gré. Grand bien nous fasse.
 

Jean-Paul Gavard-Perret

Jean-Daniel Botta & Philippe Crab, En pays d'Aase, Éditions Louise Bottu, février 2022, 150 p.-, 14 €

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