Possibilité d'une presqu'île  : Jean-Guy Coulange

Dans un tel livre apparaissent des sarabandes moins de fragiles gorgones que de promeneurs des rives de la Mer du Nord. Surgissent des aubes des gestes, des crépuscules d'une mer qui se retire et laisse ouvert des sillons en un éclatement de stigmates.

En face des images des mots en joue mettent en jeu la caresse du verso du voir. Sur la digue de Saint Malo se dévoilent – au fil du temps – le passage autant de diverses intempéries que des flâneurs d'une telle rive. Surgit parfois un flux à la clavicule des couleurs dans de nombreuses possibilités de fragmentations.

Une révolution – à savoir un renversement – du paysage a lieu. Tout est tremblement au sein de coupures minérales et aquatiques. Cela serpente – surfaces et promeneurs compris. Se succèdent de petites notes à piocher (qui ne sont pas sans rappeler celle de Ligeti cher au créateur)

Le paysage ne cesse de changer en des lignes d'eau séparées par des bancs de sable sous un ciel vert ou nocturne. Surgit la bordure de trajectoires si bien que s’ouvre le voyage ou la chimère (l'un n'exclut pas l'autre). Les mots existent pour montrer les images et les secondes pour dire les premiers, entre étirements et ligatures.

Existent là un rituel d'encre, d'images, une cartographie et un portulan entre frayage et effacement, écoulement et dilution. L'image fixe des tournoiements à la commissure des eaux et des sables dont les lèvres s'enlacent là où l'orientation est suspendue à l’espace en de longs moments autant de trouble que de paix.

Jean-Paul Gavard-Perret

Jean-Guy Coulange, Sillon, Éditions JGC et Le Village/Les Presses du Réel, avril 2022, 64 p.-, 15 €
L'exposition aura lieu au Sémaphore de la Pointe du Grouin de 12 juillet au 26 aout 2022

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