Arnaud Talhouarn est un maître – même s'il doute de lui-même – des dérèglements littéraires initiés par Rimbaud et repris de diverses manières par Borges et Celan jusqu'aux poètes contemporains qui savent faire le vide tout en continuant d'écrire.
Pour l'auteur néanmoins celle-ci n'est pas une sinécure. Et notre époque qui cultive la publication massive et la parcimonie des lectures n'est pas pour le rassurer.
Le danger vient de partout : du dedans comme du dehors. D'où ses multiples préventions. Il n'empêche qu'ici, même dans les jours noirs, l'écriture avance. La résolution de l'écrivain résiste à ses doutes. Sa poésie est là pour tamiser des gravats dans ce qu'il y a à fragmenter plus qu'à déconstruire (verbe commode mais tuberculeux).
Reste dans un champ de ruines de quoi faire pour que le silence parle le silence dans l'exaspération d'un langage qui a encore tant à explorer. Le tout en rassemblant l'énergie éparpillée dans l'attente du mot pour en faire la matière d'un cri

Jean-Paul Gavard-Perret

Arnaud Talhouarn, Poèmes écrits sur du papier, coll. Coudraie, Éditons Le Coudrier, Mont-Saint-Guibert, Belgique, juin 2022, 120 p.-, 29€