Gilles Vidal entre enfer et  paradis

Mes étés d’enfant n’étaient que mer sable et criaillements de grands oiseaux blancs tandis que je courais revenais et recourais sans cesse dans l’eau pour y jouer, écrit Gilles Vidal, mais les temps ont bien changé. Et de telles territoires se sont mis à chanceler. L'auteur veut y croire encore. Mais les nuages s'accumulent sur la mer et le beau temps a du mal à renaître.
Si les aurores sont rares, reste un appel à la vie, juste la vie, dans l'espoir que de ses ombres accouchent nos choix parfois dans un scintillement. Mais tout tombe dans l’atmosphère naphtaline et tout accentue des frissons étranges : un cri de singe sort de nulle part / car il n’y a pas de singe /ou presque mais le soleil s'en moque et arrose /  les futurs mélanomes / comme la fumée des cigarettes / les poumons blancs.
Reste l'obscur d'une tragédie qui accommode la farce des jours. De quoi rendre la tête vide avec l'objectif d'affronter le réel même si finalement / le seul pays d’un homme / est son enfance. Mais il n'en reste que l'écume. Elle lèche le safran éternel en riant de la vulgarité de la routine, manière de racheter sa part au morbide quand l'absolu hérisse celui qui voit le monde tel qu'il devient et y pressent un parfum d'enfer.

Jean-Paul Gavard-Perret

Gilles Vidal, Articles de plage, Sinope Éditions, septembre 2011, 114 p.-, 7€

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