Alexander Dickow aime faire claquer la langue et faire trébucher la syntaxe. Depuis Caramboles, et avec Appétits qui poursuit la même inventivité caracolante. Là où par exemple la peur de l’avion déforme le discours classique de sécurité que les hôtesses récitent jusqu'à créer une panique.
Existe toujours chez le poète une inadéquation au monde dans un bafouillement concerté en des colis fichés de manière saugrenue. En émane une sorte de chaos entre passivité et audace, humour et séduction.
Manière de donner au lecteur ce qu'il n'attend pas : tremper sa saveur voilée contre lui-même et contempler un flou viscéral dans un transfert de l'assurance au doute face à un réel particulier. Celui où "jamais les choses ne se confient" au milieu des jours où la chaussée (mais pas qu'elle) chancelle.

Jean-Paul Gavard-Perret

Alexander Dickow, Appétits Suivi de Un grenier, (avec des collages de l’auteur), La Rumeur libre, juin 2022, 136 p.-, 15€