Pour comprendre le monde il faut rejoindre certaines femmes. Florence Andoka nous y invite à travers sa biofiction de la peintre Alice Neel (1900-1984) et en particulier pendant les vingt dernières années de sa vie à New York.
L'évocation est superbe, puissante. Par petites touches l'écrivaine imagine la relation de l'artiste avec ses modèles féminins – mais pas que. Sont évoqués Kate Millet, Linda Nochlin, Warhol et bien d'autres avec un esprit de finesse.
Celui-ci enrichit les visions.  Les femmes sortent de leur nocturne, s'échappent de la nuit et non seulement en tant que songe même si de tels portraits les nimbent d'une clarté donnée quand elles ne sont plus traitées comme de simples mouchoir qu'on use et jette.
Les évocations ne sont pas des zones d'arrivée mais des points de départ.  Vers des destinations inconnues. Celles de la peinture d'une artiste majeure et engagée. La fiction n'est plus ici une mise en abîme des identités mais leur révélation à travers ce qui rapproche Florence Andoka d'Alice Neel. Et la plasticienne de ses modèles.

Jean-Paul Gavard-Perret

Florence Andoka, Rendre chair – une biofiction sur Alice Neel, Les plis du ciel, septembre 2022, 130 p.-, 13,50 €