Frédéric Boyer sans fards

Mélancolique,  élégiaque ce livre est celui du chagrin qui habite l'auteur depuis la disparition de sa compagne Anne Dufourmantelle, psychanalyste et philosophe lorsqu’elle se porta au secours d’enfants en train de se noyer.
En rien anecdotique ce texte devient une cavatine créée par une prosodie poétique particulière. Elle se refuse à toutes figures pour atteindre une sorte de vision en sobriété qui refuse tout lyrisme.
L'auteur s'en extrait comme de la tentation de se retirer du monde. Il  s'arrime à l'existence là où la voix de Marco Polo n'est pas pour rien au coeur de cette évocation.
L'ordre reste le suivant : Aime le monde tel que tu le vois/horrible et merveilleux à la fois dans une navigation aussi individuelle que collective. Il ne s'agit pas de fuir mais de tenir et d'affirmer les merveilles du monde comme le fait le livre de Marco Polo.
Le tout dans une langue à la ligne claire, que l'auteur utilise pour s'emparer d'une poésie faite parce qu’il y a toujours quelque chose qui ne va pas. Et ce hors des sentiers battus de la poésie,  là où elle est le plus souvent piétinée.

Jean-Paul Gavard-Perret

Frédéric Boyer, La langue fait battre mon cœur, Joca Seria, octobre 2022, 178 p. -,17€

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