Colette Gibelin : ce qui perd, dure

Poétesse discrète et viscérale, Colette Gibelin, ne publie que l'essentiel. A savoir ce que le temps change en sel de la terre dans la marée des ans. Mais les vieilles douleurs ne peuvent y être emmenées. Si bien que même le soleil se change en eau profonde.
C'est pourquoi dans ce livre tout est prégnant là où résonnent des mots qui ne seront jamais entendus parce qu'ils ne peuvent plus être prononcés.
Il ne s'agit pas d'écrire pour les optimiser par une quelconque féerie. Colette Gibelin connaît en effet le poids de la vie et ne peut se permettre de telles croyances ou forfanteries évocatoires.
L'usage de la poésie est ici plus profond, douloureux et tenace. Tout est dit pour rappeler ce que la vie est et  ce que la mort emporte même si entre reflux et ressac reste la présence de ce qui a voulu faire taire tout chant et laisse une incurable absence. De tels secrets nous convulsent, nous blessent, nous renvoient aussi à ceux qui nous habitent encore.

Jean-Paul Gavard-Perret

Colette Gibelin, On ne s'habitue pas, coll. Cahiers du Loup Bleu, Les Lieux-Dits, octobre 2022, 38 p.-,  7€

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