La musique bien douce de Grégoire Khairallah, rapproche forcément de la poésie de Verlaine. Mais ici l'auteur n'est en rien maudit. En hommage à l'aimée autant qu''a l'amour, existe ici un embargo sur la déréliction. 
Certes il y a là quelques larmes, mais les journées passent sans le savoir. Contre la douleur (que l’on se donne ? qui nous est donnée ?) et par ce qui peut sembler à l'auteur lui-même une sorte de jeu, il fait accéder à des fragments de son discours amoureux. 
Écumes, effluves, hypogées, tous les fragments de Khairallah  deviennent les lieux où quelque chose est en suspension et progresse. Ne demeure donc que ce puzzle. Y perle le plaisir. Il faut ainsi accomplir un voyage (immobile), à l'intérieur de cette dynamique d'ensemble. 

Jean-Paul Gavard-Perret

Grégoire Khairallah, Une si grande question, ENd éditions, octobre 2022, 38 p.-, 8€