Discrétion et intensité : Sara Oudin

Née à la poésie par un détour de l'île (Haiti) et une sorte de "baptême" vaudou, les mots sont venus chez  Sara Oudin. Ce poème des prémices est celui des amours folles  et sublimes que la disparition de l'aimé hélas viendra à bout. Mais pour l'heure et dans ce beau recueil il n'est question que de l'amour en fleurs même si l'auteur ne se laisse pas berné par tout ce qui est : Le soir / a maquillé la lande / de mauve et de sang / la terre étreinte / entre ronces et racines.
L'aimante sait déjà tout ce qui peut arriver et la pamoison romantique garde son quant à soi.
Le poids de l'Histoire pèse inconsciemment sur un tel chant dont l'érotisme flambe et foudroie mais avec discrétion dans la maîtrise parfaite d'un expressionnisme suggestif. Affirmer un tel amour devient un moyen frictionner l'espérance et esquisser une renaissant plutôt que de mitonner un pathos de notoire insuffisance.
Celle qui écrit dans l’affluence / des odeurs de (s)on corps le fait aussi dans le désordre / des scories de la nuit, reste une auteure originale. Elle pénètre le poème pour accorder un possible à l’innommable et l’invisible. Elle enveloppe lectrices et lecteurs le corps nu du poème, aspirées au centre du mouvement qu’elle crée.  
L’œil n’est plus noyé dans l’obscur. La poème évolue entre ici et là-bas, aujourd’hui et hier. Une intensité primaire le porte vers l’élan d’un face à face espéré avec tout ce qui reste d’espoir muet à l’être.

Jean-Paul Gavard-Perret

Sara Oudin, Quarante. Et un, Éditions Bruno Guattari, Tor en Sologne, février 2023, 70 p.-,  17€

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