Lynda Chouiten du désert au havre de paix

Lynda Chouiten offre ici un apprentissage de la sagesse. Elle nous dit comment cultiver notre jardin - pas n'importe lequel : celui de la tête germinative quand elle est riche d'intelligence, de bons livres et trempe dans un univers de poésie. À ce point elle ne peut plus fondre car plus aucune impureté n'y pénètre. 
Certes la poétesse reste lucide sur ses  instances existentielles : comme ses semblables elle traverse des zones troublées de plusieurs vents et en plusieurs directions. Et la pureté cité ci-dessus reste sans doute une vue de l'esprit.
Pour autant elle n'est jamais perdue. C’est d’ailleurs une des qualités d’une auteure qui ne se paie jamais de mots. Elle élimine les circonvolutions métaphoriques qu’on prend bien à tord pour la poésie. Ses textes restent une déambulation avec boussole dans une carte des plus complexes entre solitude et incompréhension d’une part et un sentiment de paix intérieure de l'autre.
Certains penseront que le centre est partout, la circonférence nulle part. Mais entre marges et axe, avec chaque poème quelque chose avance, se précise.  Scansions, attaques, refus d’excès verbaux tout est là.  Le livre est à l’image de la vie : il va vers une fin mais par sauts et gambades.

Jean-Paul Gavard-Perret

Lynda Chouiten, J'ai connu les déserts, Constellation, mai 2023, 90 p.-, 12€

Sur le même thème

Aucun commentaire pour ce contenu.