Laurent Mourey : la maison de l'être

Pas question de tomber de sommeil quand le désir fou d'une femme sépare le lieu où elle n'est pas de celui qui l'espère. Et à partir de là ce livre est une suite de chants en hommage aux disparus que la voix du poète cherche à rameuter.
Tout est dit de manière fractale et avec simplicité. Pour Mourey la maison de l'être n'est rien quand l'absence fait qu'elle ne peut être qu'en équilibre précaire.
Mais cette absence en appelle d'autres et donne lieu à d’autres traces, leurs glissements, leurs passages. Reste un mouvement en rien étranger à la mémoire. Bien au contraire. Mais demeure tout autant la question du lieu et de la circulation du temps, de l'appel au passage. Ce n'est plus l'homme qui pénètre la maison mais celle qui se plante en lui comme une baïonnette. Et le poète attend, espère cet assaut. Il n'écrit que pour ça face aux miasmes du monde.
C'est l'unique voyage en un renversement de la donne : Ulysse désormais attend sa Pénélope.
Jean-Paul Gavard-Perret
Laurent Mourey, J'entre dans la maison sans toi, éditions du Cygne, juin 2023, 52 p.-, 10€
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